L'industrie est en train d'accomplir sa révolution en France et en Europe. Dans l'Hexagone, l'érosion de l'activité industrielle relativement au Produit Intérieur Brut est enfin enrayée, après des années de déclin. En Europe, des pays comme l'Allemagne et l'Italie comptent d'innombrables champions industriels, de la PME à la multinationale, capables de conquérir les marchés mondiaux !
Sous l'influence de trois facteurs principaux, les années 2020 vont remodeler profondément le visage de l'industrie. Quels sont-ils ?
En premier lieu, les chaînes de production sont en train de se relocaliser, au moins partiellement, au plus près des consommateurs. Ce rapprochement permet d'améliorer le bilan environnemental des produits, requête de plus en plus évidente des consommateurs en Europe et dans de nombreux pays, de diminuer les délais de livraison et de satisfaire les attentes de la société en termes d'emploi.
En second lieu, les industriels doivent mettre de nouveaux produits sur le marché à un rythme plus élevé que jamais. Une concurrence internationale exacerbée, due à la mondialisation engagée depuis les années 2000, et l'émergence de concurrents jusque-là inconnus, grâce aux ruptures technologiques, ont en effet raccourci, de manière générale, les cycles de produits et de services.
Enfin, la numérisation est en train de conquérir tous les maillons de la production industrielle, depuis les systèmes d'information et de pilotage de la production, jusqu'à la R&D, en passant par la coordination des fournisseurs et la connaissance fine des clients (CRM...). L'impression 3D permet ainsi une production en petite ou moyenne série qui abaisse la taille critique traditionnelle pour pénétrer des marchés industriels. La généralisation des capteurs et de l'Internet des objets dans l'usine, la robotisation et l'intelligence artificielle vont progressivement mettre à disposition des industriels des outils extraordinaires pour mieux conduire leurs activités de production et de maintenance. De l'exploitation de ces myriades de données produites en temps réel pourront être tirées des leçons quotidiennes pour élargir la gamme des références. Les industriels ne raccourciront-ils pas également leurs délais et ne diminueront-ils pas leurs coûts ? Voilà deux autres objectifs que la numérisation devrait faciliter.
Bien entendu, cette refondation de la pratique industrielle en Europe doit s'accompagner d'une évolution de l'organisation et des ressources humaines. Le contenu technologique accru et la plus grande flexibilité des moyens de fabrication entraînent une prise d'autonomie de la part des opérateurs et du management intermédiaire. On enterre donc encore un peu plus le bon vieux "taylorisme" (s'il n'était pas déjà bien mort !). Tout en poursuivant les approches toujours désirables héritées des décennies précédentes (qualité totale, amélioration continue, lean...), il est souhaitable de transformer les organisations en diminuant les niveaux hiérarchiques et en augmentant le degré de liberté des îlots et équipes. En parallèle, des efforts significatifs de formation du personnel seront indispensables. Déjà, des hommes apprennent à collaborer avec des robots industriels, comme s'il s'agissait de simples collègues ("cobots").
C'est en recherchant l'excellence sur l'ensemble de ses maillons que l'entreprise industrielle conservera, voire gagnera des parts de marché. Aisés à écrire, les enjeux pour chaque fonction sont plus difficiles à mettre en oeuvre et à faire perdurer. En voici quelques-uns néanmoins :